samedi 1 août 2009

Le monde à l'envers


"Et si j’arrivais à creuser un tunnel qui traverse la terre, où est-ce que j’arriverais et comment ça serait de l’autre côté ?". Cette question fondamentale, on se l’est tous posée à un moment ou à un autre de notre enfance, un peu plus peut-être quand comme moi on n’était pas callé en géographie et qu’on n’avait pas eu le bonheur de recevoir une mappemonde à sa communion – par là j’écarte donc immédiatement Astro qui ne s’est jamais posé la question, connaissant très tôt la réponse, au degré de latitude et de longitude près, lui qui dévorait les atlas sous la couette dès son plus jeune âge… ceci explique cela évidemment.
Moi, je pensais trouver des gens aux yeux plutôt bridés, et qui évidemment marcheraient sur les mains, des animaux étranges bien sûr, et sans doute pas le même climat…
Mais mon imagination de petite fille s’arrêtait là. Je ne pensais tout de même pas qu’il existait vraiment un pays qui avait la tête si complètement à l’envers, où les roses de noël poussent au mois de juillet et le mot « eau » se dit « air ».
Dans les jardins flotte un parfum de clou de girofle et dans les cuisines une odeur de fleur, le poivre a déserté les moulins pour se suspendre aux branches.
A la tombée du jour, les messieurs promènent amoureusement un coq dans leur bras plutôt qu’un chien au bout d’une laisse, les goûts exotiques des sorbets poussent à même les arbres, et, à deux brasses du moindre rivage, les précieux poissons multicolores de nos aquariums saturent l’eau au point qu’on en gifle quelques dizaines à chaque mouvement de palme.
Voilà donc exactement où aurait abouti mon tunnel si j'avais eu un peu de suite dans les idées. Mais comme pour beaucoup de choses, j'ai préféré remettre au lendemain, et au lendemain encore, jusqu'à ce que finalement, enfin, un garçon qui m'a un jour fait tourner la tête m'emmène au pays de la tête à l'envers !

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