mercredi 29 avril 2009

Vendôme de mer






Tout y est (ou presque),  le soin dans la présentation des délicats trésors, l'insolence de la richesse des rouges rubis, la brillance des carats luisants, les tailles et découpes précises des joailliers trempés, l'opulence des étals, le gigantisme des plus belles pépites. Ce que Paris peut sans doute leur envier, c'est l'expérience du petit déjeuner sur le coup de 6h30, seul face à sa laitance d'oursins et autres crustacés crus.... Grandiose...                                                                                        Astro 


dimanche 26 avril 2009

Onsen tte nan desu ka ?

C'est par cette phrase énigmatique docilement répétée au cours de japonais que nous avions appris l'existence des onsen, les bains traditionnels japonais.
Chaque culture a ses rituels de toilette : majestueux bains hongrois où on aime lézarder les après-midi de neige, hammams marocains brumeux où résonnent les babillements des femmes, saunas odorants laotiens entourés de jungle...
Il est 6 heures du matin, l'heure pour moi d'en rajouter un à ma collection. Le soleil n'a pas trahit sa réputation japonaise et est déjà haut dans le ciel.
Soigneusement savonnée de la pointe des cheveux au bout des orteils, accroupie sur un petit tabouret en plastique qui en d'autres temps avait dû être en matières plus nobles, je sors dans l'air piquant du matin pour me plonger dans un bain tiède de rocailles.
S'il y a bien une particularité des bains japonais, comme bien des aspects de leur culture, c'est leur profond ancrage dans la nature : bois, pierre, feuilles, bien souvent à ciel ouvert, si possible offrant une vue à couper le souffle sur mer, montagne ou forêt.
Notre modeste pension ne nous offre qu'une simple cours de pierres plates et de verdure, cadre déjà bien agréable à défaut d'être grandiose.
Debout dans l'air frais, je me rince en puissant de l'eau tiède avec un bac en bois dans une grosse vasque de pierre, en pensant que bien des femmes japonaises ont dû faire ce geste avant moi : courtisanes et geishas, impératrices ou paysannes. J'aime à penser que ce matin j'ai pris place à la suite de cette longue lignée de femmes pour perpétuer la tradition.

Uran

Fuji-san

Il me fallait bien la faire, cette photo de carte postale. Sinon vous auriez réclamé ma tête sur un plateau d'argent. "Quoi ! Venir au Japon et ne même pas nous poster une photo du Mont Fuji ! Ah ça, les cerisiers, on n'avait rien demandé et on s'en est presque fait une overdose ! Mais le si majestueux Mont Fuji, ça, on peut toujours courir ! Remboursez !" 
Et bien voilà, le mal est réparé. Parce que nous avons profité de l'arrivée de notre ami Christophe pour enfin sortir de notre Tokyo chérie, et aller voir un peu du pays. Et c'est bien vrai qu'il est majestueux le Mont, dans un ciel bleu limpide à l'exception de son écharpe de nuages de coquet. Parce que Monsieur aime se laisser désirer, et joue à se cacher des regards pour nous faire languir. Alors nous avons fini par laisser là ce gros capricieux pour poursuivre la balade qui fut fort jolie.







Qu'on ne s'occupe plus de lui n'a pas eu l'heur de plaire à sa majesté Fuji qui a fini par se fâcher et déchaîner sa venteuse colère. La bataille était inégale, même si elle fut courageuse...



Uran

vendredi 24 avril 2009

Vous ne devinerez jamais....

Allez, pour rendre ce blog un peu interactif, je lance un concours : au premier d'entre vous qui devinera où ont bien pu être réalisés ces croquis, j'envoie par la poste une barquette de nato (pour ceux dont il faudrait rafraîchir la mémoire, c'est ici).
Je ne sais pas pourquoi mais j'ai comme l'intuition que vous n'allez pas trouver ;-)

Uran

jeudi 23 avril 2009

De l'importance de l'interstice...





L'urbanisation galopante de la banlieue tokyoïte est telle que bien peu d'espaces libres et sans affectation propre subsistent. L'espace public est quant à lui très réglementé et codifié, la signalétique est omniprésente, annihilant toute désir de trouver là une suspension au regard. Dès lors, les seuls lieux en sursis, micro-bulles de vie, de verdures chaotiques, de laisser-aller, de simple respiration, restent  ces espaces-interstices, parfois  très étroits, séparant les villas, jamais jointives de ce côté du monde. Il ne m'en fallait pas plus pour y plonger le regard...                           Astro

mercredi 22 avril 2009

Pepper...



En guise d'hommage au poivre du Sichuan qui nous a poursuivi (certain(e)s plus que  d'autres d'ailleurs...) ces deux semaines, qui nous a offert ce dimanche soir lors d'une mémorable fondue sitchuannaise, un feu d'artifice de brûlures gastriques et autres désordres du même acabit, que dis je une réelle implosion buccale, rayant d'un coup nos papilles de la carte pour les dix prochaines années, et ce malgré une consommation de bière en nette hausse et à la hauteur des hôtes autour de la table,  juré, rien n'y a fait...                                      Re-astro

Back from Tibet....




Les deux semaines de parenthèse sino-tibétaine terminée, retour à la vie tokyoïte et à son bouillonnement urbain, loin, très loin de ces pâturages sans fin de la frontière tibétaine, mais chaque voyage est différent, source de nouvelles découvertes, de nouvelles sensations, c'est ce qui fait leur charme..... Malgré une pression soutenue des forces de l'ordre chinoise, nous avons réussi à boucler les quelques 1500 km de route de montagne pas toujours (voir rarement! ) aux normes de sécurité qui ont cours de notre côté du monde, mais bon les paysages en valaient bien la peine. Encore bravo à l'équipe surentraînée des espoirs de l'athlétisme montois qui m a suivi dans cette équipée, elles se reconnaîtront... Merci les filles....                            Astro

lundi 20 avril 2009

Séoul est lunatique

Séoul a su finalement se montrer sous un meilleur jour. Elle avait revêtu ses habits de palais, s'était parfumée de Lilas, avait mis en scène pour moi mariages traditionnels et marchés colorés.
Peut-être n'était-elle tout simplement pas dans son assiette il y a 2 jours, stressée par sa vie de citadine, de mauvais poil à cause de la circulation qui lui restait en travers de la gorge, alors elle n'avait pas eu envie d'y mettre du sien.
Mais ce matin déjà l'humeur a changé. Elle fait à nouveau grise mine, elle boude, et peut-être triste à l'idée de mon départ demain, elle s'est mise à pleuvoir. Ca n'est certainement pas par ce chantage affectif qu'elle me retiendra. Parce que demain, à Tokyo, j'ai un rendez-vous qui ne peut pas attendre...

Uran

dimanche 19 avril 2009

Séoul est en colère

Je suis revenue ce matin dans ce quartier universitaire animé entr'aperçu hier en rentrant à ma guesthouse. En cette heure pourtant pas si matinale, les cafés, bars et restaurants débordants il y a quelques heures à peine, ont retrouvé leur calme, quelques fêtards acharnés clôturent leur longue nuit attablés autour d'une solide fondue coréenne avant d'aller attaquer une journée de sommeil.
Je regarde un peu distante cette ville dont je ne parviens pas à trouver les clés et qui ne me laisse pas décider si je l'aime ou pas. Peut-être tout simplement parce qu'en bonne tête de mule que je sais être, j'ai décrété dès le départ que je ne lui laisserais aucune chance, trop agacée de devoir lui concéder 3 précieux jours de ma vie japonaise.
Pourtant, en d'autres circonstances, la ville aurait tout pour me plaire : un naturel et une certaine indolence de ses habitants, moins englués dans le rôle si artificiel et rigide que les japonais semblent devoir s'imposer, une cuisine riche de découvertes, des cafés aux jolies terrasses en bois pour traîner de longues heures au soleil accompagnée de thés verts latte crémeux, de papier, de crayons et d'inspiration.
Et pourtant, un léger sentiment de déception m'a poursuivi toute la journée d'hier, sans doute parce que j'essayais d'imposer à la ville des moules qui ne lui convenaient pas : pas aussi raffiné que Tokyo, pas aussi festif que Bangkok, pas aussi bucolique que Vientiane, et tant qu'à faire, pas aussi sale, coloré, odorant, désorganisé et attachant que Bombay ou Madras.
Bref, cette ville ne sait pas me séduire parce que je ne sais pas lui coller clairement une étiquette.
Pour ne rien arranger, l'homme effondré dans le métro au pied de sa banquette, repoussé d'un dédaigneux coup de pied par une vieille dame qui voulait s'asseoir, et le bruit de robinet grand ouvert accompagnant le jet de sang qui reliait la main de cet homme soûl et colérique à la flaque s'élargissant sur le trottoir, n'ont fait que renforcer mon malaise. Le martèlement de mes pas pressés dans les ruelles pour rentrer me réfugier dans ma chambre semblait rythmer ma triste pensée : "Mais qu'est-ce que je fous là ?!"

Ce matin un peu calmée, je vois bien que la ville a repris ses manoeuvres pour me séduire : un thé vert chaud et sucré, un bagel frais et croustillant, un rayon de soleil sur mon bras... nous verrons bien ce soir si elle aura réussit à se faire pardonner.

Uran

jeudi 16 avril 2009

Gei-chachacha

Stef a découvert la peinture à l'huile et trouve que ça convient bien à son style. Enfin, pour peu que style il y ait, parce que pour le moment, elle le cherche, et se dit que ça risque de prendre pas mal de temps avant de le trouver.
Voyez-vous, son gros problème, c'est qu'elle aime beaucoup trop de choses beaucoup trop différentes. Alors ses dessins se teintent d'un peu de ceci, d'un peu de cela, au hasard des derniers coups de coeur.
Et dans ce puzzle d'influences et d'envies, elle ne sait pas très bien à quoi elle ressemble, elle.
Ou peut-être elle le sait trop bien mais ne veut pas se laisser faire. Parce qu'elle a souvent l'impression que ses crayons et ses pinceaux prennent le pouvoir et n'en font qu'à leur tête. Et pourtant, la main, le poignet et l'épaule bataillent ferme. Mais rien n'y fait : un angle qui s'arrondit, un fondu qui s'adoucit, un trait qui s'estompe, et le dessin ne se ressemble plus. Et les pinceaux crient victoire. Et Stef regarde le résultat avec perplexité, osant à peine se poser la question : se peut-il que ce soit ça mon "style" ? Quelque chose d'un peu trop doux, d'un peu trop lisse, d'un peu gentil... elle qui rêverait souvent de plus de rébellion, de cris et de fureur sur sa feuille.
Mais quand elle essaie, et que parfois, croit-elle, elle remporte enfin une petite bataille, elle regarde son dessin d'un air non moins perplexe : est-ce que ça ne sonne pas un peu faux ? Est-ce que l'acharnement esthétique ne lui a pas fait perdre l'essentiel en chemin : coucher sur le papier une émotion, un imperceptible état d'âme, une atmosphère. Raconter par l'image plus subtilement que par les mots. Ce qu'elle vient de dessiner n'est-il pas tout aussi vide de sens qu'une page blanche ?
Bref, Stef se pose beaucoup de questions, et pour l'instant ne trouve pas beaucoup de réponses.
Elle aimerait avoir les certitudes de l'amoureux, qui trace son chemin avec plus d'assurance, au moins sûr de ce qu'il ne veut pas si pas toujours de ce qu'il veut. Elle a, comme lui, fait de belles rencontres mais n'a pas su, comme lui, précieusement les entretenir, pas assez consciente qu'on a besoin de guides pour avancer. Alors, elle tâtonne, pour l'instant un peu seule, un peu dans le brouillard, un petit pas devant l'autre, mais sans douter qu'un jour crayons, pinceaux, main, poignet et épaule parviennent enfin à faire la paix.

Uran

mardi 14 avril 2009

Shiroi bara ou de la difficulté d'être daltonien quand on s'installe comme coiffeur à Tokyo

Il avait pourtant bien spécifié au poseur d'enseignes lumineuses qu'il avait l'intention d'appeler son salon : "A la rose pourpre du Caire". Ce dernier lui avait assuré qu'il pouvait le laisser faire les yeux fermés, il était dans le métier depuis bien des années, et son père et son grand-père avant lui. Et sans doute était-il aussi le seul poseur d'enseignes de tout Tokyo qui parlait couramment 12 langues, voilà pourquoi tout gaijin qui décidait de tenter sa chance en installant son petit commerce faisait appel à ses services : il était passé maître dans la traduction des devantures et vitrines en tout genre.
Ce n'est que bien des années plus tard, après avoir patiemment maîtrisé tous les rouages de la complexe langue japonaise, que notre petit coiffeur avait fini par comprendre qu'il s'était fait berner par l'habile artisan qui, l'occasion était trop belle, lui avait réinstallé l'enseigne d'un fleuriste de ses clients qui venait de faire faillite.
Qu'à cela ne tienne, notre coiffeur finit par se faire à l'idée que sa rose pourpre était en réalité une rose blanche. Et que cela lui serve de leçon : à l'avenir il redoublerait d'attention avant de placer sa confiance en quelqu'un. "Heureusement", se dit-il avec satisfaction, "il y a au moins une personne à Tokyo sur laquelle je peux compter inconditionnellement". Et il regarda entrer avec bienveillance dans sa boutique l'homme grâce à qui il avait réussi à établir au fil des années la solide réputation de son salon : son fournisseur de coloration blanc cendré !



Tokyo en mode rose fluo




lundi 13 avril 2009

Le message fantôme

En faisant un petit nettoyage de printemps de notre blog, j'ai retrouvé coincé en mode brouillon un début de texte de l'amoureux daté du 9 avril. Il y raconte la déconfiture qu'il a ressentie en retournant sur des lieux qui nous avaient charmés il y a quelques années et qui ne resteront à l'avenir que de précieux souvenirs, ravagés par la bêtise du tourisme de masse et du profit immédiat. 
Ca m'a fait tellement plaisir de tomber sur ce message inattendu, comme un petit mot doux qu'on n'aurait d'abord pas vu parce qu'il était coincé entre 2 pages, que je le publie. Ca me donne un peu l'impression qu'il n'est pas si loin....

Chinese tsunami

Cette nuit, à l'inverse de Tokyo, il n'a pas neigé sur Lijiang (Provinde du Yunnan-sud ouest de la Chine), et c'est bien dommage... Cela aurait peut-être dissuadé les touristes chinois de sortir... Nous sommes donc arrivés hier en fin d'après-midi, la tête encore pleine de beaux souvenirs de notre précédent passage dans cette agréable vieille cité chinoise, centre géographique de la communauté Naxi, vieille de plusieurs siècles. Et stupéfaction après avoir posé nos sacs, de se retrouver face a un véritable tsunami touristique humain... Ils arrivaient de partout, par centaines, munis de casquettes bariolées aux couleurs de leurs agences de voyages favorites, mitraillant a cadence frénétique...


Bref, j'ai hâte de voir les photos pour mesurer l'étendue de la catastrophe. Oh et puis non, je préfère penser que rien n'a changé. Au feu les photos, je garde mes souvenirs.

Uran, le temps de servir d'intermédiaire à Astro

Fashion ennemies • ファッション敵 • fasshonteki

La championne du monde

Cet après-midi je l'ai rencontrée, la championne du monde toutes catégories confondues, poids plume, mi-lourd, lourd, buldozer et sumo du lâcher de "suuuugoi".
Pour ceux qui auraient manqué un épisode, petit rappel du dictionnaire:
  • 凄い   sugoi  [すごい]  terrible / extraordinaire / incroyable / formidable / super / extra / génial!
Et bien je ne sais pas ce que la copine de cette dame lui racontait de terrible / extraordinaire / incroyable / formidable / super / extra / génial!, mais ça devait vraiment l'être, terrible / extraordinaire / incroyable / formidable / super / extra / génial!, à en juger par son débit halluciné de "suuuuugoooooi, néééééé !!!" 
Enfin, au moins on ne pourra pas taxer cette dame de blasée de la vie, une telle fraîcheur dans l'étonnement, ça faisait plaisir à voir. Et elle ne se sera pas rendue compte une seule seconde, absorbée par le récit haletant de son amie, que je tentais désespérément de la croquer pendant plus d'1h 1/2.
Merci chère madame, car si grâce à vous il y a une infime chance que j'aie pu progresser d'un iota dans les portraits pris au vol, alors c'est là que ça deviendrait vraiment suuuuuuugooooiii !

Uran