mardi 17 mars 2009

Bons baisers du garçon des astres


Vous voilà définitivement rassurés quant à la bonne forme de Sébastien. Il fait ses exercices tous les jours, et compte bien être sélectionné pour les jeux olympiques de Tokyo de 2016.
A ce que vous pouvez constater, je l'encourage du mieux que je peux en faisant voleter ma jupe rouge telle une pom-pom girl, mais sournoisement, ma seule ambition est de lui piquer ses bottes qui me font tant envie, et de me tirer au volant de notre corvette, serre-tête au vent, le laissant derrière moi avec ses rêves de gloire sportive, incorrigible macho qu'il a toujours été... Ah les hommes....
Ah les hommes oui, justement, les hommes et leurs drôles de fantasmes. Figurez vous que, de passage hier dans la "cité électrique" – coin de Tokyo entièrement dédié à l'électronique dans de grands buildings sur plusieurs étages, nous nous sommes arrêtés par curiosité dans un maid café, bar thématique où les serveuses, déguisées en soubrettes, écolières, infirmières – fantasmes je vous dis – vous accueillent avec une voix de chaton d'un – paraît-il parce qu'évidemment nous, on n'a rien compris – "Bon retour à la maison, maître". S'en suit une série de scènes qui, pour la militante MLF que je suis, apparaissent toutes plus glaçantes les unes que les autres : soubrette en short et tresses qui s'agenouille au pied du client en lui apportant sa boisson ou son plat et lui donne la becquée ou lui glisse la paille entre les lèvres – comme si ce grand dadais de 35 ans assis à la table d'à côté ne savait pas le faire tout seul ! La même, toujours agenouillée, qui vient ponctuer la conversation d'un autre client de petit miaulements et rires de poule effarouchée pour l'encourager à s'épancher, pendant que sur l'écran du café défilent d'autres scènes de soirées précédentes où des clients et clientes jouent la classe sous la direction de la serveuse-institutrice, qui distribue bons points et punitions sous forme de milk-shakes à finir d'un trait et claque bien sentie sur la joue.
Bref, une ambiance particulièrement étrange, pas malsaine parce que personne ne se permettrait je pense une allusion ou un geste déplacé dans cette société si réservée et polie, mais profondément triste de voir à quoi la solitude peut mener....
Une toute autre ambiance nous attendait une heure plus tard dans un Isakaya – sorte de bar à tapas local, où la dégustation de petits plats sert surtout de prétexte à engloutir des litres d'alcool – où nous avions décidé de souper. Vieille maison existant depuis 1886, pas de carte en anglais – ça serait trop facile ! – salle bourrée à craquer de gens du coin et une ambiance de fête, même un mardi soir. Les gens de notre table nous ont pris sous leur aile bienveillante, les hommes d'affaire de droite nous offrant une tranche de foie gras de poisson que Sébastien a dévorée les yeux éblouis, les voisins de gauche entamant une "conversation" dans un anglais balbutiant, terminée au fil des flacons de sake, par de longs monologues en japonais embrumé. Le signal du départ a été donné quand le monsieur de gauche a commencé à me donner des petites tapes sur l'arrière de la tête comme à un vieux pote de collège. Avec intuition, nous nous sommes dit que pour se permettre de telles libertés avec une inconnue rencontrée à peine une heure plus tôt, le monsieur devait commencer à être vachement entamé et il était temps de nous esquiver.
Pas sûr, vu la panade nippo-anglaise que nous avons baragouiné, que notre niveau de japonais ai grimpé d'un cran hier, mais nous en avons appris un peu plus sur l'hospitalité japonaise : on ne se sert jamais un verre, on sert les invités et on doit attendre que ce soit eux, par retour de civilité, qui remplissent à leur tour notre verre. En élèves appliqués, il nous aura fallu quelques flacons et pas mal d'exercices pratiques pour bien saisir l'usage mais ça y est, cette fois, on est au point ! 
Kampai !

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