dimanche 19 avril 2009

Séoul est en colère

Je suis revenue ce matin dans ce quartier universitaire animé entr'aperçu hier en rentrant à ma guesthouse. En cette heure pourtant pas si matinale, les cafés, bars et restaurants débordants il y a quelques heures à peine, ont retrouvé leur calme, quelques fêtards acharnés clôturent leur longue nuit attablés autour d'une solide fondue coréenne avant d'aller attaquer une journée de sommeil.
Je regarde un peu distante cette ville dont je ne parviens pas à trouver les clés et qui ne me laisse pas décider si je l'aime ou pas. Peut-être tout simplement parce qu'en bonne tête de mule que je sais être, j'ai décrété dès le départ que je ne lui laisserais aucune chance, trop agacée de devoir lui concéder 3 précieux jours de ma vie japonaise.
Pourtant, en d'autres circonstances, la ville aurait tout pour me plaire : un naturel et une certaine indolence de ses habitants, moins englués dans le rôle si artificiel et rigide que les japonais semblent devoir s'imposer, une cuisine riche de découvertes, des cafés aux jolies terrasses en bois pour traîner de longues heures au soleil accompagnée de thés verts latte crémeux, de papier, de crayons et d'inspiration.
Et pourtant, un léger sentiment de déception m'a poursuivi toute la journée d'hier, sans doute parce que j'essayais d'imposer à la ville des moules qui ne lui convenaient pas : pas aussi raffiné que Tokyo, pas aussi festif que Bangkok, pas aussi bucolique que Vientiane, et tant qu'à faire, pas aussi sale, coloré, odorant, désorganisé et attachant que Bombay ou Madras.
Bref, cette ville ne sait pas me séduire parce que je ne sais pas lui coller clairement une étiquette.
Pour ne rien arranger, l'homme effondré dans le métro au pied de sa banquette, repoussé d'un dédaigneux coup de pied par une vieille dame qui voulait s'asseoir, et le bruit de robinet grand ouvert accompagnant le jet de sang qui reliait la main de cet homme soûl et colérique à la flaque s'élargissant sur le trottoir, n'ont fait que renforcer mon malaise. Le martèlement de mes pas pressés dans les ruelles pour rentrer me réfugier dans ma chambre semblait rythmer ma triste pensée : "Mais qu'est-ce que je fous là ?!"

Ce matin un peu calmée, je vois bien que la ville a repris ses manoeuvres pour me séduire : un thé vert chaud et sucré, un bagel frais et croustillant, un rayon de soleil sur mon bras... nous verrons bien ce soir si elle aura réussit à se faire pardonner.

Uran

1 commentaire:

  1. Cette perte de repère n'est-elle pas due à l'absence de cerisiers !!!
    Les deux photos sont superbes ... et le texte aussi.

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